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Danse Institut

Une tentative de récit...
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©Juliette Migliori

J'ai écrit ce compte-rendu à l'issue de trois interventions réalisées à l'IME La Feuilleraie (Etampes) en partenariat avec le Collectif pour la Culture en Essonne et Cultures du Coeur 91,
dans le cadre du Festival de la performance Si(non) oui !
Ces actions ont eu lieu entre novembre 2024 et janvier 2025.

J’imagine chacune de mes interventions comme des performances que je vais co-réaliser avec les participant·es, c’est-à-dire dans ce cas un groupe d’enfants et des professionnelles de l’IME La Feuilleraie et les accompagnatrices du projet, Collectif pour la culture en Essonne et Cultures du Coeur.

 

Dans cette performance, tout le monde a sa place et porte quelque chose du groupe.

 

Pour cela, j’ai des outils, et même des objets : ballons, tissus, « poids » pour faciliter la relation, l’exploration sensorielle et la détente. La musique : des styles et rythmes variés soigneusement choisis pour accompagner nos différents jeux.

Je privilégie aussi une entrée ludique et essaie de parler le moins possible.

 

Objectifs : faire groupe, créer de l’écoute, éprouver de nouvelles sensations, vivre une expérience artistique.

 

Les séances sont imaginées selon un déroulé assez continu, qui laisse place aussi à l’inattendu.

Nous commençons par un jeu de prénoms en cercle avec un ballon : chaque participant·es dit son prénom en tenant le ballon, son prénom est repris en choeur par le groupe. Ainsi chacun·e se sent immédiatement reconnu par le groupe en entendant son prénom. Puis nous enchaînons avec un jeu de « lancer-rattraper » avec le ballon, d’abord en cercle, puis en se déplaçant sur la musique : le jeu permet de créer du lien, de s’amuser et de chercher un rythme, de travailler une certaine motricité, un rebond.

 

Si un enfant a des difficultés, il est aussitôt soutenu par le groupe : dans le cas d’A, jeune autiste non-oralisant, l’éducatrice dit son prénom pour lui, avec lui, et en entendant l’écho de son prénom, repris par le groupe, on sent que ça crée une émotion chez lui. On laisse aussi de la souplesse : je comprends vite que L, un enfant qui manifeste beaucoup d’agitation, ne pourra pas rester à une place dans le cercle, je préfère donc le laisser s’exprimer à l’intérieur du cercle, où il enchaine les roulades. Il est avec nous à sa manière, d’ailleurs, il reste dans le cercle, ce qui signifie pour moi qu’il veut être dans le groupe. Cela ne menace pas la cohésion du groupe, ses mouvements nous donnent, mine de rien, une super énergie.

 

Après un petit échauffement articulaire, nous partageons l’espace d’une autre manière : on se met le long d’un mur en ligne et on fait des traversées pour aller à l’autre mur. Une personne dans le groupe initie un mouvement pour se déplacer et le groupe suit, interprétant le mouvement. Je fais le premier aller-retour et passe rapidement le relais. Au final, tout le monde fait une proposition.

Ce jeu fonctionne très bien et j’adore le fait que chacun·e puisse éprouver ce rôle de « leader » en étant soutenu par les autres. Je constate qu’il en ressort toujours des propositions intéressantes et variées : ça saute, ça glisse, ça roule, ça court, ça tourne. Nous explorons tous les niveaux de l’espace avec beaucoup de joie !

 

La séance est aussi parcourue de moments de danse libre, pendant lesquels tout le monde est invité à danser à sa manière. Les interactions sont nombreuses, avec des jeux de miroir, voire du contact. Ca peut aussi se terminer en farandole, ronde, chenille.

 

Dans cette première partie, la playlist est plutôt constituée de musiques rythmées, type balkan-trad et de tubes pop.

 

La seconde partie de la séance est plus sensorielle. Je sors un tissu en élastane bleu d’environ 7 m, cousu pour constituer un « tunnel » très élastique. Je danse d’abord seule avec le tissu. La musique change de tonalité, devient plus calme, voire un peu mélancolique. Les participant·es sont invitées à venir dans le « tube », qui devient notre enveloppe commune. Nous pouvons y développer plein de jeux et d’explorations, qui nous emmènent au sol où le tissu devient cabane contenante. Pour terminer la séance, je sors une douzaine de petits sacs de graines en tissu, que je pose sur chaque participant·e, qui petit à petit s’allongent au sol. Nous jouons à échanger ces petits sacs, en les posant délicatement sur différentes parties du corps, tête, genou, épaule, pied, ventre, main… Le poids qui se dépose rassure, permet le relâchement des tissus sous son contact. La lumière est éteinte pour que l’on puisse savourer ces quelques minutes de calme bien méritées, après toutes les sensations que nous avons traversées. Je suis toujours émue de ces fins de séances, de constater que la plupart des enfants arrivent à se poser, à aller au contact rassurant d’un adulte alors que c’était impossible 1h avant. Nous sommes un groupe et ensemble nous avons construit cette belle aventure artistique et sensorielle, du début à la fin.

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Pour terminer, j’aimerais mettre en avant la participation qualitative des adultes présents, éducateurices, soignant·es, et partenaires du projet, qui ont toustes joué le jeu, au même titre que les jeunes, en étant aussi très contenant. La présence de Lorann pour le Collectif Culture en Essonne à chaque séance était très appréciable pour moi. Je n’avais pas à porter l’organisation, ce dont je n’ai pas l’habitude. Cela m’a laissé la disponibilité nécessaire pour être complètement tournée vers le contenu de mes interventions. Le fait qu’un éducateur, Rémy, porte le projet pour l’IME avec une totale adhésion était aussi très important, cela a assuré une continuité pour les jeunes et pour nous. Ce sont des conditions idéales pour la réussite d’un tel partenariat, au bénéfice de toustes, un bel exemple de co-construction.

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